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PROMENADE EN HOLLANDE

en face de l’océan du Nord, qui déroule son immensité devant moi. Je suis encore séparée des vagues montantes par une vaste étendue de sable bleuâtre, où foisonnent par milliers de jolis coquillages ; j’en remplis mes poches et mon mouchoir, tout en considérant cette grande mer à l’onde verte et grise, qui gémit à mes pieds avec de longs sanglots ; c’est un aspect tout différent de l’Océan qui borde les côtes occidentales de la France, et de la Méditerranée aux flots bleus qui m’a bercée enfant ; c’est plus triste, mais plus solennel peut-être. Pas un vaisseau ne traverse la solitude des vagues écumantes ; seulement, tout à fait vers la rive, sont quelques barques amarrées, et les petites voitures qui conduisent les baigneurs vers les flots montants.

Comme je parcours la plage, passent à côté de moi la princesse Olga et son mari le duc de Wurtemberg, qui vont prendre leur bain. Je ne suis pas tentée de me plonger dans cette mer si terne ; elle me paraît glacée ; en ce moment le ciel est uniformément d’un blanc d’opale, sans transparence ; aucun rayon de soleil ne l’égaye ; malgré la tiédeur de l’air, il me semble qu’il souffle directement vers moi du pôle nord un souffle d’hiver et de tempête. Je m’éloigne à regret de cette grande mer décolorée ; mais le jour décroît et je veux voir Scheveningue, joli village bâti à gauche de l’établissement des bains. C’est un port de pêcheurs qui, durant la saison d’été, se remplit