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PROMENADE EN HOLLANDE

spectres sanglants comme une sérénité éternelle. C’était bien l’heure où il fallait les évoquer : car, au milieu des bruits du jour et du mouvement des passants, ils auraient encore emprunté à la vie quelque chose de son tumulte et de ses douleurs.

Le lendemain, en me rendant au Voorhout, je revois le Vivier éclairé par le soleil ; le Voorhout est une magnifique promenade ayant au centre une longue allée de grands arbres, dont les cimes se rejoignent et forment berceau. C’est là que sont situées les plus belles maisons de la ville, le ministère de la marine, la bibliothèque royale et l’ancien hôtel Hope, que Napoléon habita en 1810, durant son séjour à la Haye. À l’extrémité de l’allée de droite du Voorhout se trouve le théâtre ; la salle est petite, mais sa façade est charmante.

Tandis que je visite la ville, j’entends partout des fanfares exécutées par la musique militaire. Toute la garnison est sous les armes et en fête. On célèbre l’anniversaire de la naissance du prince d’Orange, héritier du trône des Pays-Bas, qui vient d’accomplir sa dix-septième année et qui voyage en ce moment en Portugal. Il y a gala à la cour, au palais du Bois (résidence d’été de la reine). Le roi, en brillant équipage, traverse le Voorhout et va chercher à l’hôtel de l’Europe la grande-duchesse Marie.

En l’absence de notre ambassadeur à la Haye, M. le baron d’André (alors à Ostende), M. de Farsaal,