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PROMENADE EN HOLLANDE.

une vaste pièce d’eau appelée le Vivier ; je m’accoude au bord de ce profond bassin, dont l’onde est lumineuse ; la lune y trace de clairs sillages, et détache sur le fond du ciel les arbres, les arbustes et les fleurs du frais îlot qui s’élève du sein de ces eaux comme une immense corbeille. De grands cygnes en suivent les sinuosités verdoyantes. Parfois, ils disparaissent dans les herbes touffues ; puis ils nagent vers la lumière, et viennent jusqu’à la rive d’où je les regarde.

À ma droite sont plusieurs rangs d’arbres superbes formant la promenade appelée Vijverberg. Dans la large et belle rue voisine appelée le Plaats, on s’aperçoit, en marchant vers le centre, que la couleur du pavé diffère de celle des autres parties de la rue ; une espèce de triangle en dalles blanches indique que c’est en cet endroit que fut massacrée (le 22 septembre 1392) Adélaïde de Poelgeest, maîtresse d’Albert, comte de Hollande. C’est aussi près de là que les frères de Witt furent déchirés par le peuple, le 10 août 1672. Les tranquilles Bataves ont eu, comme tous les peuples, leurs jours de férocité. Non loin de l’endroit où il est mort est encore la petite maison qu’habitait Jean de Witt, le grand pensionnaire, et l’on est frappé de respect en voyant de quelle modeste habitation se contentait le premier citoyen d’une riche république.

La tranquillité de cette belle nuit répandait sur ces