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PROMENADE EN HOLLANDE.

son. Je sortis pour fumer sur le pont où tous avez vu l’Amour décochant ses flèches aux deux jeunes filles, et je laissai Guillaume et Rosée seuls dans le parloir.

Quinze jours après, ils étaient mariés de la façon que j’avais indiquée. Les deux malades avaient recouvré assez de forces pour se sourire avec ravissement ; ils avaient sous leur pâleur une distinction de beauté qui eût pu faire envie à Georges et à Marguerite. Mais la joie bruyante et passionnée de ceux-ci renfermait une entière satisfaction d’eux-mêmes. L’activité de leur sang se manifestait par des projets de fortune et de bonheur qu’ils réalisèrent aussitôt. J’exigeai de Georges qu’il se mit au travail et fit valoir dans de prudentes et lucratives entreprises la fortune de sa mère et de sa femme. À l’heure où je vous écris, Marguerite a l’espoir d’être mère, et c’est dans l’heureux ménage un élément de vie nouvelle.

Dès le lendemain de leur mariage, Guillaume et Rosée partirent pour l’Italie. Ils m’ont écrit ces jours-ci de Palerme qu’ils se sentaient renaître et qu’ils étaient sûrs qu’ils guériraient au contentement de leur amour et à la reconnaissance qu’ils éprouvaient pour moi.

Tirer une moralité de cette histoire, je m’en garderais bien ! J’en reste au : Que sais-je ? de Montaigne ; je me dis seulement que des maris de