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PROMENADE EN HOLLANDE.

attentivement tous les quatre, que le hasard d’un premier attrait a mal fiancé ces deux couples. Le robuste Georges convient à la vivante Marguerite, et Guillaume affaibli à Rosée qui s’étiole. Si ceux-ci doivent vivre, ils revivront ensemble par des soins de serre chaude, sans se heurter, sans se faire souffrir, sans que la vitalité de l’être vigoureux se révolte contre la faiblesse de l’être languissant, et que la vie précipite la mort.

Ils gardaient tous les quatre le silence et s’aperçurent de mon examen.

Rosée, qui peut-être avait remarqué le regard jeté par Georges à Marguerite, me dit en souriant avec tristesse :

« Qu’avez-vous donc, docteur, à nous étudier de la sorte ? Savez-vous que c’est effrayant pour moi et Guillaume, car je crois lire dans vos yeux que nous devons penser à la mort plutôt qu’au mariage.

— Vous lisez mal, répliquai-je : je suis d’avis, au contraire, que vos mariages se célèbrent le plus tôt possible.

— Y pensez-vous ? me dit Georges à voix basse ; regardez-les tous deux.

— Guillaume est moribond, ajouta de même Marguerite.

— Le bon docteur me raille, reprit Rosée, qui ne les avait point entendus : je ferais une belle mariée !

— Et moi donc ! repartit Guillaume ; ce serait la