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PROMENADE EN HOLLANDE.

tous les trois indistinctement, puis se tournant vers Guillaume : « Mon Dieu ! comme vous voilà blême et défait ! dit-elle avec un douloureux étonnement ; vous souffrez donc bien ?

— Et Rosée, où donc est-elle ? lui demanda Georges.

— Elle est là, malade autant que Guillaume, » répliqua Marguerite en nous ouvrant la porte du salon.

La pauvre fille, vêtue de lilas clair comme au soir de ses fiançailles, était étendue sur un sofa. Son visage se colora en nous voyant entrer, mais la force lui manqua pour se lever.

« Qu’avez-vous donc, ma pauvre amie ? s’écria Georges en lui baisant les mains et le front.

— Elle est comme moi, la vie lui échappe, » murmura Guillaume, qui s’était affaissé sur un fauteuil.

Rosée pleurait sans pouvoir parler. En ce moment Georges regarda Marguerite.

« Comment avez-vous fait pour vous conserver grasse et fraîche ? » lui dit-il en lui prenant fraternellement la main.

Mais je voyais dans ses yeux un éclair de convoitise, et Guillaume et Rosée échangèrent au même instant des regards d’une compassion sympathique. Il me vint sur l’heure une inspiration psychologique que j’appellerais un trait de génie, si tout autre que moi l’avait conçue.

« Il est évident, me dis-je, en les examinant