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PROMENADE EN HOLLANDE.

« Nous retrouverons, me dit Georges, la fortune de nos mères dont tu nous as toujours fait un mystère, et, avec la fortune de nos femmes, cela nous composera encore une belle vie.

— Parle pour toi qui dois vivre, répliqua Guillaume ; mais qu’importe pour moi qui dois mourir ?

— Voilà ce qu’il me répète depuis un an, reprit Georges. Il a voulu follement mener de front les plaisirs et l’étude, et tout son être s’est détraqué ; il a eu plusieurs fièvres cérébrales auxquelles les médecins anglais n’ont rien compris ; il a fini par sentir le mal du pays, ce qui fait qu’il fera un meilleur mari que moi, qui sens déjà l’ennui de la Hollande. »

L’action de mon cordial avait rendu à Guillaume assez de force pour qu’il me demandât avec instance de le conduire auprès des deux délaissées.

« Te voilà sentimental comme une miss anglaise, repartit Georges toujours goguenard ; mais ne comprends-tu pas qu’il a raison et que nous ne pouvons nous présenter à elles dans cet accoutrement ? »

À l’aide de mes habits, ils se composèrent une toilette décente. Nous montâmes en voiture et nous nous rendîmes au Plantage, où un messager envoyé par moi nous avait précédés. Marguerite seule était debout sur le seuil de la porte, parée, riante, rajeunie par la joie. Elle nous embrassa