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PROMENADE EN HOLLANDE.

constance unique comme sur une de ces raretés et de ces merveilles qu’on ne reverra pas deux fois. Et même, encore aujourd’hui, je serais blessé au cœur si un dénoûment vulgaire venait clore leur curieuse destinée !

« Mais le dénoûment naturel approche, lui dis-je, puisque les deux fiancés reviennent dans huit jours.

— Ils reviennent, répliqua le docteur, mais dans quel état ! l’un mourant, tous les deux ruinés et ne quittant l’Inde que parce que l’insurrection formidable contre les Anglais les en chasse.

— Marguerite et Rosée savent-elles la vérité ! repris-je.

— Vous voulez donc que je tue l’une et que je jette l’autre au bras d’un fiancé nouveau ? répliqua le docteur. Non, non, j’use de plus de ménagement avec mes malades : je les sauve en les trompant un peu. Elles seront heureuses si c’est possible encore ; mais la vérité, elles ne la sauront jamais. Je ne l’ai dite qu’à vous ; elle était nécessaire au sens de cette histoire dont je vous écrirai bientôt le dénoûment. »

Le docteur cessa de parler. Nous échangeâmes quelques réflexions en prenant le thé ; puis nous nous séparâmes.

Le lendemain matin, je partis pour la Haye, par le chemin de fer. En me rendant à l’embarcadère