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PROMENADE EN HOLLANDE.

oubliaient. À l’arrivée de chaque courrier, on lisait ensemble les lettres et on les commentait, mais seulement les lettres adressées aux jeunes filles ; les mères lisaient à part celles qui leur étaient écrites : elles y trouvaient toujours désormais de tristes nouvelles. Quand reviendraient-ils ? Ils l’ignoraient eux-mêmes : l’Inde avait des attractions vertigineuses. Pourquoi les avaient-elles laissés partir ? Est-ce qu’on pourrait vivre dans la froide Hollande, après avoir vécu sous ces latitudes brûlantes où la nature est si belle ?

Souvent avec ces lettres, qui laissaient peu d’espoir aux deux mères, il en arrivait d’autres écrites par des correspondants et des banquiers de Batavia et de Calcutta, qui révélaient aux veuves la dissipation rapide de la fortune de leurs fils.

Elles ne firent qu’à moi la confidence de ces funestes nouvelles. « À quoi bon tourmenter ces anges ? me disaient-elles ; laissons-les à leur ignorance et à leur vague espoir. »

Oui, elles espéraient toujours, les deux vierges : chaque lettre de Guillaume et de Georges parlait d’amour et de réunion irrévocable, quoique peut-être lointaine, et c’en était assez pour enchaîner à eux ces âmes pures.

Elles trouvaient d’ailleurs un aliment à l’activité de leur jeunesse dans l’amour qu’elles prodiguaient aux deux mères. Elles aimaient leurs fils en elles, et