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PROMENADE EN HOLLANDE.

cette réunion était la consécration publique de leurs fiançailles.

Dès le lendemain, aussitôt que le bon Van Hopper eut été rendu à la terre, les deux orphelines s’installèrent chez les deux veuves. Je quittai le jour même Rotterdam pour retourner à Paris, sans savoir comment elles s’entendraient.

Il y a dans la jeunesse des femmes des trésors de foi et de dévouement qu’il faut étudier sur nature pour en bien comprendre la force et la beauté. Personne plus que moi, j’ose le dire, ne tressaille et ne s’émeut devant une œuvre du génie ; mais le cœur produit aussi ses œuvres sublimes, presque toujours ignorées ou oubliées, que je voudrais voir mises en lumière et glorifiées par tous.

Quand je revins quelques mois après à Rotterdam, et que je trouvai Marguerite et Rosée transformées en sœurs de charité de ces deux mêmes femmes qui avaient brisé leur jeunesse, ce fut pour moi un spectacle d’une exquise beauté morale, que je n’oublierai jamais. Elles s’étaient ranimées pour se dévouer. Les deux veuves, qui déclinaient visiblement, ne quittaient plus leur chambre. Marguerite et Rosée, heureuses d’aimer les mères de leur seul amour, se multipliaient pour elles ; elles les levaient, les couchaient, faisaient leur toilette, les distrayaient par le chant, le piano ou quelque lecture sur cette Inde maudite où les chers absents les