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PROMENADE EN HOLLANDE.

l’Inde anglaise. Les deux veuves m’avaient écrit à Paris pour me supplier de rappeler leurs fils auprès d’elles, car elles sentaient bien que leur propre voix ne serait pas écoutée. J’écrivis aux deux fugitifs la tristesse des mères et l’angoisse de leurs belles fiancées qui les attendaient. Ils ne les oubliaient point, me répondaient-ils : ce serait le port après les orages. Mais l’heure n’était pas venue.

Quand j’eus fermé les yeux du bon Van Hopper et commis à la garde de son corps ses plus anciens domestiques, je fis promettre aux orphelines de prendre un peu de repos et me rendis auprès des deux veuves. Je les trouvai si mornes et si étrangement amaigries, que je compris que là encore la vie se débattait contre la douleur.

Seulement le duel serait plus long, car ces organisations nerveuses et roidies céderaient moins vite que la molle et tendre nature de Van Hopper. Je leur appris la mort de l’excellent homme, et je leur dis avec décision :

« Désormais, les fiancées de vos fils doivent habiter sous votre toit. Soyez véritablement leurs mères : elles vous rendront en soins et en tendresse ce qu’elles recevront de vous en protection.

— Il a raison, répliqua l’une d’elles : ces deux jeunes filles sont sincèrement douces et bonnes, et, depuis qu’elles nous savent malades, elles sont venues chaque jour nous soigner et nous distraire.