On peut tailler le roc, faire mollir le fer,
Fondre le diamant, dissoudre l’or aux flammes,
Mais on ne fait jamais plier les grandes âmes !
UN CŒUR BRISÉ.
« Ô souvenir de pleurs et de mélancolie !
» Ceux que j’aurais aimés ne m’ont point accueillie !
» Ou bien, insoucieux,
» Ils vantaient ma beauté sans comprendre mon âme,
» Et ne soupçonnaient pas sous ces dehors de femme
» L’ange tombé des cieux !
» Comme un lac dont la brise effleure la surface
» Sans agiter le fond,
» Ces êtres aux cœurs froids, où tout amour s’efface,
» Pour moi n’eurent jamais un sentiment profond.
» Innocence, candeur, tendresse virginale,
» Ils vous abandonnaient sans larmes, sans regret,
» Et toujours triomphait dans leur âme vénale
» Un vulgaire intérêt.
» Ils passaient tous ainsi comme des ombres vaines ;
» Le fantôme adoré, l’idéal que j’aimais,
» Celui qui de ma vie eût adouci les peines,
» N’apparaissait jamais !