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petit paquet renfermant un livre. C’était un ouvrage d’Albert accompagné du billet suivant :


« Chère Marquise,

« Beauzonet a relié ce livre et l’a rendu moins indigne d’être ouvert par vos belles mains. Permettez-vous à l’auteur d’aller vous revoir avec René ? il fait un temps de printemps glacial et je me dis qu’on serait très-bien au coin de votre feu !

Recevez, chère marquise, mes affectueux hommages. »


Je ne me décidai pas à lui répondre et à le remercier avant d’avoir consulté Léonce ; mais le soir comme je me disposais à écrire à celui-ci on sonna à ma porte et ma vielle Marguerite introduisit Albert.

— Vous ne vous doutez pas d’où je viens ? me dit-il, ne m’en veuillez pas si j’arrive seul ; j’ai passé cinq à six heures à la recherche de René ; il avait pris la clef des champs. Je me suis déterminé à dîner dans un cabaret d’Auteuil, pour l’attendre et pour venir chez vous avec lui ; mais j’ai fini par perdre patience et me voilà. Recevez-moi, marquise, comme si notre ami m’avait accompagné.

— Je ne demande pas mieux, lui dis-je, et je compte sur l’influence du bon René pour vous inspirer un peu de l’amitié qu’il a pour moi. J’ajoutai :