Page:Colet - Lui, 1880.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 42 —

un parti pris et qui pourrait bien me brouiller avec lui, répliqua Albert.

— Je vois en ceci une vengeance de Duchemin, lui dis-je, il vous a prévenu auprès de Frémont et l’a mal disposé pour moi. Ce n’est donc pas à votre libraire que j’en veux, mais à cet affreux satyre.

— Du reste, marquise, je vous trouverai un autre éditeur.

— Merci, répondis-je en lui tendant la main, mais laissez-moi goûter votre première visite sans vous fatiguer de cette affaire.

En ce moment une petite main gratta à la porte de mon cabinet et la poussa doucement ; c’était mon fils qui ne me voyant plus à la fenêtre s’était ennuyé de son jeu et revenait vers moi. Les enfants veulent toujours avoir un compagnon ou un spectateur dans leurs amusements ; c’est le prélude de la sympathie et de la vanité humaines.

— Oh ! je pensais bien que tu avais une visite, me dit mon fils en m’embrassant ; mais je ne connais pas ce monsieur, ajouta-t-il en regardant Albert.

— Voulez-vous me connaître et m’aimer un peu, lui dit Albert en l’attirant vers lui.

— Oui, vous me plaisez beaucoup.

— Vous êtes privilégié, dis-je à Albert, car ce terrible enfant n’aime guère ceux de vos confrères qui sont mes amis.

— J’aime René, parce qu’il est bon pour toi et qu’il me caresse, me répondit l’enfant, mais les autres ne