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— Bah ! m’écriai-je, ce serait lui prêter trop d’importance.

— Il est vrai, répondit-il, car il est bien connu qu’il agit de même envers toutes les femmes.

— Si son amour est une monomanie, repris-je en riant, il mérite le respect comme la dévotion, comme le fanatisme.

— C’est possible, répliqua-t-il, mais Duchemin est méchant, il vous nuira.

— Hâtons-nous, repartis-je, pour le contre-miner de nous adresser à Albert de Lincel.

— Malheureusement il est malade, me dit René, il garde le coin du feu et ne pourra venir chez vous avant quelques jours.

— Et pourquoi n’irions-nous pas chez lui mon bon René ?

— En effet, c’est ce qu’il y aurait de plus simple ; il en sera touché, et nous l’aurons peut-être arraché, ne serait-ce qu’une heure, aux inquiétudes de son génie.


v


Le lendemain, dans l’après-midi, René vint me chercher en voiture pour me conduire chez Albert de Lincel ; il habitait près de la place Vendôme le premier étage de la maison où il devait mourir. Nous traversâmes une petite antichambre lambrissée de panneaux