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le recomposais dans toute sa splendeur et je repoussais le fantôme qui venait l’assombrir.

Cinq heures sonnèrent à ma pendule, je me dis : « Dans une heure il sera près de moi. » Je me regardai dans la glace et fus heureuse d’être en beauté. Un coup de sonnette retentit ; je pensai : « C’est lui ! il a voulu me surprendre en arrivant une heure plus tôt. »

J’étais accourue et je me trouvais là lorsque Marguerite ouvrit la porte ; je laissai échapper un cri de surprise, presque d’effroi : ce fut Albert qui m’apparut !

Il crut sans doute que j’avais poussé un cri de joie, car son visage ne perdit rien de son expression heureuse. Il paraissait moins souffrant, son teint était animé et ses beaux yeux lançaient des flammes ; il tenait d’une main une petite cage dorée où était renfermé un joli couple de ces perruches mignonnes qu’on appelle des inséparables et dans l’autre main il avait une seconde cage à treillis d’argent dans laquelle voltigeaient deux colibris.

— Où donc est votre cher enfant ? me dit-il, qu’il me débarrasse bien vite de ces oiseaux qui l’amuseront, et que j’aie les mains libres pour presser la vôtre et vous embrasser.

— Ce cher petit a voulu aller à la campagne, répondis-je en rougissant.

— Mais vous-même, reprit-il ? vous allez donc sortir que vous voilà si parée ?

— Oui, balbutiai-je, je dîne en ville.

Tout en prononçant ces mots nous traversions la