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même si je m’y déciderais ; mais j’en savourais longuement le désir ; il était devenu le rêve de mes nuits et la rêverie de mes jours. Si bien qu’un matin des vers qui exprimaient tous les détails de ce songe d’amour et de liberté s’échappèrent tout à coup de mon cœur. Ainsi un oiseau jette un chant en s’ébattant l’air et au soleil :


LES RÉSIDENCES ROYALES.

Avec leurs longues avenues,
Leurs silencieuses statues
Se mirant dans les bassins ronds,
Leurs grands parcs ombreux et profonds,
Leurs serres de fleurs des tropiques
Et leurs fossés aux ponts rustiques,
Ils sont pour nous, ces vieux palais,
Ils sont pour nous : habitons-les !

Bras enlacés, âmes rêveuses,
Promenons nos heures heureuses
Sous les tonnelles des jardins.
Dans les bois où passent les daims ;
Traversons les courants d’eau vive
Sur l’esquif qui dort à la rive.
Ils sont pour nous, ces vieux palais.
Ils sont pour nous : habitons-les !

Allons voir, dans les vastes salles,
Les portraits aux cadres ovales,
Morts radieux toujours vivants.
Grandes dames aux seins mouvants,