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Je pris cette main et je la pressai longtemps immobile, tandis que nous regagnions rapidement Paris en gardant un silence ému.

XXIV

Nous nous étions séparés sans nous parler, mais avec une tendresse intérieure qui semblait s’accroître et grandir en se contenant. Désormais il avait pris dans mon cœur une place à part, une place à lui. Quelquefois même, il me semblait que c’était la première ; il devenait pour moi la chaleur et la lumière, tandis que Léonce s’effaçait dans l’ombre opaque : et glacée de la solitude qu’il me préférait.

Ce soir-là, en rentrant, je trouvai sur la table de mon cabinet les vers d’Albert et une lettre de Léonce. Je lus d’abord les vers d’Albert ; je fus attendrie par cette poésie suave et molle où il faisait revivre le souvenir de notre promenade au jardin des Plantes :


Sous ces arbres chéris, où j’allais à mon tour
Pour cueillir, en passant, seul, un brin de verveine,
Sous ces arbres charmants, où votre fraîche haleine
Disputait au printemps tous les parfums du jour ;