composé un sonnet pour vous ; je suis comme Oronte, je veux vous le lire ; un mot qui m’appelle et j’accours ! »
Je n’osai me décider à lui répondre : « Venez ! » mais je trouvai un mezzo termine entre le cœur qui adhère et la raison qui s’oppose ; je lui fis dire par son domestique que je ne sortirais pas de la journée.
Quand il arriva vers le soir j’étais seule ; il prit mes deux mains sans me parler, et les pressant quelques instants dans les siennes il me regarda profondément.
— Vrai ! vrai ! me dit-il enfin, vous ne souffrez pas, vous n’avez pas de trace qui puisse vous rappeler ma démence ?
— Chut ! lui répondis-je en souriant, n’en parlons jamais !
— Mais l’oublierez-vous, ce sinistre instant ? et en me demandant de me taire, est-ce bien un pardon entier que vous m’accordez ?
— En doutez-vous ? En moi il n’est rien de caché ; j’aime ou je hais ouvertement ; en laissant ma main dans la vôtre, c’est un pacte de réconciliation que je signe avec vous pour la vie.
— Comment ne pas vous aimer, reprit-il, mais en vous aimant je suis capable encore de quelque folie. Qui donc me maintiendra dans la limite impossible d’une tendresse tranquille ?
— Moi, lui dis-je, en ne m’abandonnant plus, cher