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portait à la dignité et à la sécurité de ma vie. Ce n’était pas à moi que je songeais, c’était à mon enfant si cher et aussi un peu à Léonce.

Un jour où Albert était arrivé triste et souffrant et qu’il insistait en vain comme à l’ordinaire pour me parler, mon fils l’entendit : il courut vers lui malgré ma défense.

— Si maman ne vous aime plus, lui dit-il, moi je vous aime et je vais aller me promener avec vous.

— Oh ! oui, venez, répondit Albert, il faudra bien alors qu’elle se montre si elle veut vous reprendre à moi.

Je sonnai Marguerite et lui dis de me ramener mon fils ; il vint en trépignant ; pour la première fois de sa vie il me résistait ; je n’ai jamais vu une sympathie plus forte que celle qui entraînait cet enfant vers Albert. Pour le calmer il fallut lui promettre que je recevrais son ami dans quelques jours. Il retourna vers lui tout joyeux lui porter cette bonne nouvelle, et je l’entendis rire en répétant à Albert :

— J’ai fait obéir maman !

Le lendemain, en m’éveillant, je reçus d’Albert ce charmant billet :


« Ne faites pas durer plus longtemps mon supplice, chère marquise, et puisque, grâce, à Dieu, vous n’avez aucun mal, pardonnez-moi ma faute involontaire. Je n’ai jamais fait à froid une méchante action ; consentez à me recevoir aujourd’hui même ; j’ai