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assez de force pour commettre des folies, et je vais assez bien pour goûter la douceur de vous voir. Puisque vous avez eu l’aimable idée de me faire visite, poursuivit-il en riant, il faut, marquise, que vous parcouriez tout mon appartement. J’ai là, à côté, une charmante tête de femme que je salue tristement chaque matin à mon réveil, et qui me regarde avec un sourire presque caressant, mais des yeux si fiers qu’ils font baisser les miens.

En disant ces mots, il poussa une large porte vitrée s’ouvrant du salon dans sa chambre, et j’aperçus, au pied de son lit, un petit portrait au crayon qu’il m’avait un jour demandé en feuilletant un album.

Mon fils qui nous suivait, dit :

— Voilà maman ! C’est bien preuve que vous nous aimez. Pourquoi donc ne venez-vous plus nous voir ?

— Vous êtes trop curieux, mon petit ami, et ce n’est pas moi qui vous le dirai.

— Voyons, ne faites plus le méchant, reprit l’enfant, et venez aujourd’hui même vous promener et dîner avec nous.

— Votre mère ne le voudra pas, répliqua Albert.

le lui tendis la main en lui disant :

— Vous savez bien le contraire.

— Allons, allons, dit-il, la vie a encore de bonnes heures : je serais bien bête de ne pas les prendre au vol.

Il nous reconduisit dans le salon, puis rentra dans sa chambre et s’habilla à la hâte.