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— Hâtons-nous, me disait l’enfant, nous ferons une niche à l’orage et nous arriverons avant qu’il n’éclate et nous mouille.

Nous traversâmes d’un pas rapide la place de la Concorde et le jardin des Tuileries. Quand nous fûmes dans la rue Castiglione, nous vîmes sous les arcades un commissionnaire chargé d’une hotte pleine de fleurs.

— Ce serait gentil, me dit mon fils, de donner à Albert un joli pot de camélias comme ceux que porte cet homme ; s’il est malade, cela lui fera plaisir à regarder.

— Je veux bien, répliquai-je ; c’est justement jour de marché aux fleurs à la Madeleine ; as-tu le courage d’aller jusque-là ?

— Oh ! j’irais bien plus loin pour donner une joie à Albert, repartit-il.

Arrivés au milieu des massifs d’arbustes et de bouquets qui embaumaient l’air, je dis à mon fils :

— Choisis ce qui te plaira pour notre ami.

Il arrêta son désir sur un beau camélia à pétales rosées. Un petit commissionnaire hissa sur son épaule le pot que nous venions d’acheter, et nous nous remîmes en marche vers la maison d’Albert.

Comme nous approchions de sa porte, mon fils me dit :

— Crois-moi, passons sans rien demander au portier, il pourrait nous répondre qu’il n’y est pas, tandis que là-haut nous verrons bien. En parlant ainsi, il saisit le pot des mains du petit commissionnaire, et nous nous glissâmes dans l’escalier. Je tremblais un