me permettre parfois de la pénétrer et de la juger ; mais j’interdisais aux autres toute insulte contre une femme qui m’appartenait et qui se montrait en public à mon bras.
Je venais de lire l’article injurieux, et je me disposais à sortir pour aller en demander raison à l’auteur, lorsque je vis entrer dans ma chambre Albert Nattier.
— Je te croyais encore en Angleterre ? lui dis-je en l’embrassant, tout joyeux de la surprise qu’il me causait.
— J’arrive comme le Deus ex machina.
— Tu dis plus vrai que tu ne penses, répliquai-je ; tu arrives à point pour un dénoûment ; car demain je me bats en duel et tu seras mon témoin.
— Nous verrons, nous verrons, répliqua-t-il en riant ; mais viens d’abord déjeuner avec moi au café Anglais.
— J’y consens, quoique je sois attendu : je vais écrire pour la prévenir.
— De qui parles-tu donc ? fit-il en jouant étonnement.
— Mais tu le sais bien, poursuivis-je, nous nous sommes réconciliés.
— On me l’avait dit, reprit-il ; pourtant je n’y croyais pas : et c’est pour elle que tu te bats ?
Je fis un signe qui disait oui, tout en écrivant quelques lignes à Antonia, Albert Nattier me considérait ; son visage avait une expression sérieuse que je ne lui avais jamais vue. Nous descendîmes l’escalier sans