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flottait une chaîne d’or ; deux boutons d’onyx fermaient sur sa poitrine les plis de batiste de sa chemise. Son étroite cravate de satin noir, serrée au cou comme un carcan de jais, faisait ressortir le ton mat de son teint ; ses gants blancs dessinaient d’une façon irréprochable la délicatesse de ses mains ; mais c’était surtout dans l’arrangement de ses beaux cheveux blonds qu’un soin particulier se révélait. À l’exemple de lord Byron, il avait su donner une grâce pleine de noblesse à cette couronne naturelle d’un front inspiré ; des boucles nombreuses ondulaient sur les tempes et descendaient en grappes vers la nuque : je fus frappée, à mesure que le cercle rapide décrit par la valse le ramenait sous la lumière du lustre, des teintes diverses de cette chevelure pour ainsi dire diaprée. Les premiers anneaux qui caressaient le front étaient d’un blond doré, ceux qui suivaient avaient la nuance de l’ambre, et ceux plus abondants qui se pressaient sur le sommet de la tête se graduaient du blond au brun. Je le retrouvai plus tard avec ces beaux cheveux d’un effet si rare et qu’il garda inaltérés jusqu’à sa mort. À l’inverse des hommes blonds qui ont souvent des favoris rouges, les siens étaient châtains et ses yeux presque noirs, ce qui donnait à sa physionomie plus de vigueur et plus de feu ; il avait le nez parfaitement grec et sa bouche, fraîche alors, montrait en souriant des dents blanches. L’ensemble de ses traits frappait par une distinction aristocratique qu’illuminait l’éclat des yeux et qu’agrandissait la courbe idéale du front. C’était le génie pri-