— Madame se peigne et change de vêtements, me dit-elle, elle va venir.
Elle reparut quelques moments après ; ses beaux cheveux noirs étaient lissés sur son front inspiré ; elle portait une robe en damas violet à corsage collant ; elle me sembla rajeunie et charmante.
— Vas-tu sortir ? lui dis-je.
— Non, pas avant quelques jours, répliqua-t-elle.
— Comment te remercier et te bénir ?
— En guérissant, me répondit-elle avec un bon sourire.
Puis me faisant signe de reposer, elle se plaça auprès d’une lampe voilée par un abat-jour vert et ouvrit un livre. Je fermais à demi les yeux, mais je ne perdais pas un de ses mouvements. Ses doigts ne tournaient pas les feuillets et je compris qu’elle ne lisait point ; à quoi rêvait-elle ? Ma faiblesse était encore trop grande pour me permettre aucun effort de parole ou de gestes, mais mes sensations s’éveillaient et mes idées commençaient à s’enchaîner.
Elle restait toujours pensive tenant son livre ouvert. Tout à coup elle tressaillit et se leva ; elle s’approcha d’abord de mon lit, mais comme j’étais immobile et les yeux fermés elle s’imagina que je dormais. Ma respiration pénible et encore sifflante dans ma poitrine ajoutait à cette apparence de sommeil. J’entendis marcher dans le couloir ; elle alla vers la porte, l’ouvrit et introduisit le docteur.
— Parlons bas, dit-elle, il dort.