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soutient défaillant, il fallait l’étendre pour me préserver. »

Mais tout reproche expirait sur mes lèvres, je la remerciais de ses soins et je m’y abandonnais.

La traversée redoubla ma fièvre, et quand nous arrivâmes, Antonia s’effraya en voyant que je ne pouvais plus me tenir debout. Elle me mit au lit puis se hâta d’écrire au consul de France pour lui demander un médecin. Le consul accourut.

Ce n’est qu’un peu de fatigue, me dit-il ; l’irritant sirocco, maudit par Byron, me causa, il y a un an, le même malaise ; une saignée me soulagea, mais je ne voulus pas qu’elle fût faite par le médecin en renom à Venise. C’est un vieillard qui a la main tremblante et qui un jour a presque coupé l’artère à une belle comtesse. Je m’adressai à un jeune docteur nouvellement arrivé de Padoue. Sa main est sûre, il n’a pas de grandes prétentions à la science ; il ne discute jamais, comme les vieux dottissimi, mais, ce qui vaut mieux, il pratique avec assez de bonheur. Je suis certain qu’avant trois jours il vous tirera d’affaire.

Antonia remercia le consul avec effusion et le pria de se hâter de nous envoyer le médecin.

— Comment va Stella, dis-je au consul prêt à sortir. Veuillez m’excuser auprès d’elle et de son ami, vous voyez que désormais je suis forcément impoli.

— Ils viendront vous voir et vous distrairont, quand vous irez mieux, par le récit de plusieurs aventures.

— Et lesquelles, dites-les-moi vite en deux mots.