épaules, le cou et les bras étaient d’un blanc de lis et Négra était brune et cuivrée ; elle me semblait aussi bien moins grande ; il est vrai qu’en me penchant un peu, je découvris que mon apparition portait de hauts talons à ses mules. En examinant la chevelure, je m’aperçus que les boucles flottantes étaient les unes blondes et les autres noires. Je remarquai le même mélange dans les petits anneaux qui se jouaient sur la nuque. Quel art n’avait-il pas fallu pour amalgamer ainsi ces deux chevelures où s’égarait mon examen !
Ma curiosité redoublait par ce mystère même. J’avais perdu cette partie ; une femme masquée vint frapper sur l’épaule du Milanais et lui parler à l’oreille ; il lui répondit :
— Je vous suis.
Je pus donc me lever sans inconvenance ; d’une main, je ramassai sur la table l’or qui m’appartenait, et de l’autre, je saisis le bras de ma Vénus. Je la sentis frémir et vibrer pour ainsi dire comme une corde de harpe ; j’avais remis mon masque. En ce moment, l’orchestre d’une salle voisine fit entendre une valse précipitée qui devint bientôt frénétique sous l’élan des danseurs ; j’enlaçai la femme tremblante qui s’abandonnait à moi, et je l’emportai dans le tourbillon.
— Qui es-tu ? murmurai-je, dans le vol de notre course effarée.
— Seigneur, je suis votre esclave,
— Oh ! c’est donc toi.
J’avais reconnu la voix de Négra.