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même de l’agitation ; vous connaissez cet aphorisme : « La sagesse est un travail ; pour être seulement raisonnable il faut se donner beaucoup de mal ; tandis que pour faire des sottises il n’y a qu’à se laisser aller. »


xvi


Un matin, comme je déjeunais avec Antonia, on m’annonça la visite de l’amant de la prima donna ; je m’empressai de le recevoir et je priai Antonia d’assister à notre entrevue : il se plaignit de mon oubli ; sa chère Stella s’étonnait de ne pas me voir, mais elle comprenait que je ne pouvais quitter la signora, ajouta-t-il en se tournant vers Antonia ; et si son amie avait osé, elle serait venue elle-même nous inviter tous les deux d’aller entendre chez elle un peu de musique.

Antonia répondit avec bonne grâce qu’elle serait très-empressée dans quelques jours de faire la connaissance de la grande cantatrice dont tout Venise parlait ; mais pour le moment elle ne pouvait perdre une minute.

L’amant de Stella, s’adressant alors à moi, m’apprit que le soir même, la pauvre danseuse à qui j’avais fait l’aumône débutait à la Fenice. — Elle était venue supplier humblement Stella de me déterminer à aller au théâtre.