Je lui répondis que je profiterais au premier jour de son offre attrayante.
Quoique les rideaux de brocard des fenêtres eussent été hermétiquement fermés, chaque fois que les laquais de service ouvraient les portes une large raie de lumière se projetait sur nous ; elle venait d’une terrasse où le jour naissant éclatait. Bientôt quelques rayons de soleil se glissèrent à travers cette ligne opaque et blanche. Plusieurs convives dirent, avec un léger bâillement, qu’il était temps de se retirer. Nous nous levâmes tous et nous regagnâmes, un peu chancelants, les gondoles qui nous attendaient.
Quand je rentrai dans ma chambre, j’avoue que je ne songeai qu’à dormir, sans me préoccuper d’Antonia. Mais je vis avec surprise que la porte de communication entre nos deux chambres était ouverte. Je me précipitai, plein d’effroi, dans la chambre d’Antonia, craignant qu’elle ne fût malade ou sortie, partie peut-être ?
Je la trouvai tranquillement assise devant la table, où elle écrivait ; elle venait de se lever et recommençait à travailler. Son teint était reposé, ses noirs cheveux à peine liés, s’échappaient en boucles sur ses tempes, ses yeux brillaient de toute la flamme de l’inspiration ou peut-être d’une colère concentrée. Sa robe de chambre, dénouée, laissait à nu ses bras, son cou et une partie de ses épaules. Elle me parut si belle et si digne dans cette attitude du travail et de la solitude que, poussé par un invincible attrait, je m’agenouillai près