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d’esprit, et comme un lézard emprisonné sous une cloche pneumatique la brise et s’échappe pour frétiller au soleil, je me mettais à courir dans la campagne ou dans les rues, accomplissant quelque acte d’écolier pour ressaisir la liberté de penser à ma guise.


XIII


Un peu las de Gênes, nous en partîmes au commencement d’octobre ; nous nous arrêtâmes à Livourne, et nous fîmes un détour pour visiter Pise ; Pise avec sa tour penchée et son dôme qui rappelle Sainte-Sophie, donne l’idée d’une ville orientale, a dit Byron. Nous passâmes huit jours à Florence, puis nous traversâmes les Apennins pour nous rendre à Ferrare. Je ne vous ferai point la description de toutes ces villes : nous y vécûmes comme à Gênes, tantôt ravis, tantôt étonnés l’un de l’autre, mais heureux pourtant. J’aimais sa douce et sérieuse compagnie, et je sentais qu’elle m’était désormais indispensable. Nos bourses mises en commun se vidèrent promptement à travers ces attrayantes pérégrinations. Antonia, à qui j’avais donné la direction absolue de nos dépenses, m’avertit qu’il était temps de songer à planter notre tente et à nous mettre au travail. J’avais recueilli à Gênes, à Florence et à Pise, des souvenirs et des notes dont il me tardait de me servir. Tout en voyageant, j’avais ébauché le plan de plusieurs ouvrages ;