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préface

liquement à son beau ciel d’un azur radieux.

Je sortis de la salle des grands maîtres de l’école vénitienne ; je pris une gondole et me fis conduire au Lido. Absorbée dans la splendeur et la quiétude du jour, je gardais à peine au cœur un point noir, vague, déjà éclairci.

— Pourquoi donc, me disais-je m’enivrant de lumière et de solitude, faut-il au poëte et à l’artiste, aussi bien qu’aux autres hommes, le pain de chaque jour ? Cette nécessité inexorable les replonge incessamment dans le courant troublé d’où ils voudraient sortir, et assombrit pour eux les joies de la nature et les rayonnements du beau.

Quelques jours après, je partis pour Milan ; mon roman, dénigré par la presse française, y avait éveillé la curiosité ; il me fit des amis dans la société italienne, étrangère à nos coteries. C’est après avoir lu ce livre, que M. de Cavour désira me connaître[1]. Massimo d’A

  1. Voir tome Ier, page 402, de l’Italie des Italiens.