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frais et bu une tasse de café noir ; il était moins pâle que de coutume ; ses yeux profonds et clairs avaient dépouillé le nuage des jours précédents. Je vis avec joie qu’il descendait l’escalier avec moins de peine.

Nous trouvâmes devant ma porte une calèche attelée de deux chevaux, je me récriai sur ce luxe inutile pour nous rendre au chemin de fer.

Albert me dit :

— Cette voiture doit nous conduire jusqu’à Saint-Germain ; jamais je ne monterai avec vous dans un wagon banal où la flânerie et la causerie sont interdites.

— Il a toujours raison, dit l’enfant ; nous sommes bien mieux seuls et chez nous dans cette bonne voiture.

Nous traversâmes rapidement Paris et bientôt nous nous trouvâmes dans les champs où le printemps commençait à germer ; les arbres avaient des bourgeons et les blés étaient tout verdoyants ; des troupes de moineaux s’ébattaient des branches aux sillons avec des bruits d’ailes et des petits cris joyeux ; le soleil éclairait au loin tous les accidents de terrain. Dans le ciel bleu pas un point gris ; sur la route unie pas une pierre, pas une flaque d’eau. La calèche volait au galop de deux bons chevaux qu’excitait un cocher fringant : nous respirions un air vivifiant et salubre qui ravissait notre odorat de Parisiens casaniers.

Mon fils s’amusait à tous les tableaux mouvants de la route ; les paysages, les passants, les fermes, les chiens