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porte le nom) a donné, dit-on, un splendide festin. J’étais si ravie de la beauté tranquille de ce lieu que j’aurais voulu m’y arrêter longtemps, ou plutôt poursuivre notre excursion sur les plateaux supérieurs du mont ; mais il nous fallait deux heures pour descendre et le jour décroissait ; nous dûmes songer au retour. Je me promis bien de revenir seule avec un guide sur les hauteurs superbes qui s’échelonnaient au-dessus de ma tête et d’en parcourir tous les mystères pittoresques et charmants. Ou verra comment ce désir de Dryade me porta malheur.

Ces excursions à âne m’étaient très-salutaires ; tantôt je les faisais seule, tantôt en riante et douce compagnie. Nous allâmes une après-midi à la grotte Castellane avec les deux aimables dames valaques qui m’avaient accompagné au mont Gourzy, et le prince Constantin Ghyka, qui nous précédait à cheval ; sa belle enfant de quatre ans, costumée en paysanne béarnaise, chevauchait sur un ânon à côté de nous. Nous descendîmes la route des Eaux-Bonnes, qui conduit à Laruns, rasant la pente escarpée au fond de laquelle le Valentin assoupi fait entendre un doux gazouillement qui contraste avec le bruit formidable que répandent plus haut les cascades formées de ses eaux. Bientôt nous découvrîmes sur une jolie pelouse