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gagne et presque la stupeur, tant il est vrai que notre esprit ne peut longtemps supporter ce qui le domine et l’anéantit. Dites-nous donc un paradoxe ou une folie, Grégory, ajouta-t-elle en se tournant vers son cousin et si madame ne veut pas nous faire entendre quelques belles strophes ou quelques récits touchants, racontez-nous votre dernière aventure sentimentale.

À cette interpellation, le comte Grégory leva la tête : ses yeux noirs pétillèrent et ses lèvres eurent un franc sourire de bonne humeur. C’était un homme à la stature carrée manquant de grâce sinon de distinction et dont le front intelligent était couronné d’épais cheveux déjà grisonnants. Tout en lui annonçait la force musculaire. Mais prêter à sa vie des épisodes romanesques me semblait une hyperbole.

— Vous savez bien, princesse, que, depuis deux ans, j’ai clos toutes mes aventures galantes, répondit-il gaîment ; mais vous, madame, qui arrivez des Eaux, poursuivit-il, en s’adressant à moi, vous devez y avoir recueilli des anecdotes fort amusantes dont vous allez nous faire part ; je tournerai, pour vous écouter, très-volontiers le dos à la mer qui, par son roulis monotone, commence à me donner le vertige.