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LA VÉRITÉ SUR l’ANARCHIE

pape comme une personne sacrée, mais entreprenante, dont il faut baiser le pied et lier les mains (Voltaire). »

Ces mains liées de la papauté, et de tous ceux qui là représentent, ne peuvent plus commettre ostensiblement des actes sanguinaires, mais elles s’en dédommagent par des menées infâmes et infimes auxquelles il est bon d’infliger la flétrissure de la raillerie.

Rien ne pouvait mieux constater l’impuissance de ces conspirateurs, jadis si audacieux, que le triomphe éclatant de la raison humaine qui vient de s’accomplir à Rome. Sur la même place il Campo di fiori, où fut brûlé vif Giordano Bruno[1], on a vu s’élever aux acclamations de tout un peuple la statue de cet héroïque philosophe, qui lorsqu’un prêtre lui dit en face du bûcher : « Il faut vous préparer à mourir ! » riposta, en se jetant dans les flammes Et vous, il faut vous préparer à trembler ! »

Lorsqu’en 1867 je revins à Paris, nous n’en n’étions pas encore arrivés à ces victoires de la libre pensée. Le réseau clérical s’étendait sur toute la France, liant ses trames aux trames du pouvoir impérial. Corrompre et aveugler pour asservir, c’était le double mot d’ordre des traitants qui menaient l’État, et des Jésuites qui menaient l’Église. L’alliance était complète et en apparence indestructible ; les évêques français adulaient sans vergogne l’empereur, l’impératrice[2] et leur héri-

  1. L’arrêt fut rendu par les mêmes cardinaux qui tous s’étaient vendus à François Cenci, surnommé par le peuple romain il padre infame. La grande fortune de Cenci lui avait permis d’acheter de ces cardinaux l’impunité de ses débauches et de ses crimes.
  2. Monseigneur de Bonnechose se distingua entre tous par ses