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LA VÉRITÉ SUR l’ANARCHIE

cembre 1866), et forcée d’y séjourner après le drame d’Ischia, plusieurs manuscrits et des documents sur les prêtres, qui avaient excité ces violences, me furent sous- traits par la police pontificale.

En quittant Rome j’allai à Venise, enfin rendue à l’Italie, et qui célébrait son indépendance en faisant revivre les fameuses fêtes de son ancien carnaval. La présence de Garibaldi donna à ces pompes frivoles un caractère de patriotisme. J’eus l’idée d’attacher une pensée philosophique et française à cette rénovation de Venise à laquelle la France avait concouru. Le journal le Siècle venait d’ouvrir à Paris une souscription pour ériger une statue à Voltaire. Je pensais que la nouvelle Venise, la Venise de Daniel Manin, ne pouvait rester indifférente à cet honneur rendu au plus hardi émancipateur des esprits.

Cette idée me vint un soir, au milieu d’un bal donné dans son palais par le comte Giustiniani, syndic de Venise.

La sympathie de l’Italie pour la France survivait alors tout entière ; malgré quelques froissements, elle n’avait pas encore été lacérée par l’outrageante et barbare expédition de Mentana. Ma liste de souscription s’improvisa ce soir-là et fut aussitôt couverte de tous les noms connus de Venise. Le syndic signa le premier, et le prince Amédée de Savoie (aujourd’hui roi d’Espagne) présent à cette fête, imita bravement les Vénitiens libéraux et libres-penseurs dont il était entouré. Cette première liste parut le lendemain dans la Gazette de Venise [1].

  1. M. Caponi, aujourd’hui correspondant à Paris de la Perse-veranza de Milan et de la Fanfulla de Rome, fut un des propagateurs les plus actifs e cette souscription.