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À mes Lecteurs



Voilà huit mois que furent écrites les pages que vous allez lire, et sept mois qu’elles sont imprimées[1]. Elles devaient servir d’introduction à mon livre Les Dévotes du grand monde, récemment publié par le libraire Dentu[2]. Ceci explique comment quelques faits personnels se mêlent dans ces pages aux faits généraux.

Dans un récit d’événements historiques et dans l’ap-

  1. Le Rappel en a cité un fragment dans son numéro du 5 novembre 1872. Après l’avoir lu, Victor Hugo m’écrivit le 7 novembre : « Il y a une grande âme dans cette page que le Rappel m’apporte aujourd’hui. Je suis profondément ému et je vous remercie de penser et de dire ces nobles choses. »
  2. Sous le régime de l’état de siège dont Paris subit depuis si longtemps les rigueurs mon éditeur n’osa pas publier cette introduction après en avoir lu l’épreuve. Je me déterminai alors à la faire paraître immédiatement en brochure (en décembre 1872) mais je ne trouvai à Paris ni un seul libraire, ni un seul imprimeur qui consentit à y mettre son nom. Je tombai gravement malade et restai deux mois alitée et mourante ; à peine convalescente les médecins m’envoyèrent sous le ciel italien. J’emportai avec moi le cliché de cette brochure, mise en embargo par l’effroi des lois répressives qui régissent encore la République Française. Revenue à la vie je puis enfin publier en Italie cet écrit sincère sur nos douloureuses discordes civiles. Je garde l’espérance qu’il ne sera point interdit en France. L’heure est venue, ce me semble, on mon cher pays retrouvant sa fierté d’allure ne proscrira plus la vérité. Les récentes élections d’avril ont rendu le souffle à la République et ont attesté une fois de plus le droit et la volonté du peuple.