Page:Colet - Historiettes morales - 1845.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

prendre que plusieurs vaisseaux français ont été capturés près des côtes par les Anglais. Mon père avait dû s’embarquer sur un de ces bâtiments de guerre, pour donner la chasse à l’escadre anglaise, et il sera tombé entre les mains de nos ennemis. »

À cette idée, qui avait frappé son cœur, les larmes d’Anatole coulèrent avec abondance, et son ami ne pouvait retenir les siennes tout en essayant de le consoler. Comme ils s’entretenaient ainsi, un de leurs professeurs vint à eux et dit à Anatole qu’il avait à lui parler ; celui-ci s’élança, mais avec tristesse, car il présageait une mauvaise nouvelle. « J’ai à vous remettre une lettre de votre père, lui dit son maître, mais armez-vous de courage pour la lire, mon cher enfant ; votre père est malheureux, et, je le sais, votre bon cœur souffrira de ses souffrances. —Mon père est prisonnier, s’écria Anatole, oh ! je l’avais deviné ! » En effet, M. Dermont écrivait à son fils que depuis deux mois il était au pouvoir des Anglais, prisonnier sur un ponton, respirant un air infect, en butte à la dureté de ses gardiens, et accablé par la pensée que sa captivité ne finirait peut-être jamais. Sa lettre se terminait ainsi : « Je connais ton noble cœur, sois fort, ne te laisse pas abattre par le malheur de ton père, achève tes études, ouvre-toi une carrière dans les armes.