Page:Colet - Historiettes morales - 1845.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ancêtres s’étaient fait un nom dans la guerre. L’enfant ne versait pas de larmes à ces reproches, il y était presque indifférent, car il sentait qu’il avait en lui de quoi se justifier un jour.

Sa mère, douée d’un esprit éclairé, était heureuse de voir un de ses fils se consacrer à l’étude ; elle suivait les progrès de cette jeune intelligence, et elle était étonnée de la voir embrasser sans effort les diverses branches des sciences et des arts.

À dix ans, il connaissait déjà toute la littérature ancienne, et il faisait des vers qui étaient admirés par tous ceux qui les entendaient. Sa mère aimait à les lui faire répéter, et souvent, dans un transport d’orgueil et de tendresse maternelle, elle s’écriait : — Jean est un enfant providentiel, destiné à de grandes choses.

Elle n’avait pu faire partager cette opinion au comte François, son époux ; mais elle avait enfin obtenu de lui qu’il laisserait grandir en paix le noble enfant dont il ne devinait pas le génie.

Cependant une nouvelle discussion entre le seigneur Bonacossi et le comte de la Mirandole devint la cause d’une guerre où les deux familles jurèrent, en prenant les armes, de ne les quitter qu’après que l’une d’elles serait anéantie. Les combats furent longs et meurtriers ; des deux côtés la valeur