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La mère Agnès eut la bonté de me le dire le lendemain matin, et comme on n’osait espérer qu’une si grande merveille se fût faite en si peu de temps, elle me dit que si la petite continuait à se bien porter et qu’il y eût apparence que, Dieu la voulût guérir par cette voie, elle prierait bien volontiers M. de la Potherie de nous refaire la même faveur qu’il nous avait faite, en prêtant la relique pour achever le miracle. Mais jusqu’ici il n’a pas été nécessaire, car, encore qu’il y ait huit jours que cela soit passé, parce que je n’ai pu achever cette lettre mardi dernier, il n’y a pas en elle la moindre trace de son mal, et il faut à présent, sans comparaison, plus de foi à ceux qui ne l’ont pas vue pour croire qu’elle l’a eu qu’il n’en faut à ceux qui l’ont vue pour croire qu’elle n’en peut avoir été guérie en un moment que par un miracle aussi grand et aussi visible que de rendre la vue à un aveugle. Elle avait, outre son œil, plusieurs autres incommodités qui en procédaient : elle ne pouvait presque plus dormir de la douleur qu’il lui faisait ; elle avait deux endroits à la tête où on ne la pouvait presque peigner, parce que cela répondait là. Il n’y a guère que deux jours que moi-même regardant son mal, il me fit venir la larme à l’œil, et je trouvai qu’il