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vie, leur maîtresse, voyant approcher Margot (Marguerite), qui en était tout proche, lui fit signe de faire toucher son œil, et elle-même prit la sainte relique et l’y appliqua sans réflexion. Chacun s’étant retiré, on la rendit à M. de la Potherie.

Sur le soir ma sœur Flavie, qui ne pensait plus à ce qu’elle avait fait, entendit Margot qui disait à une de ses petites sœurs : Mon œil est guéri, il ne me fait plus de mal. Ce ne fut pas une petite surprise pour elle : elle s’approcha et trouva que cette enflure du coin, qui était le matin grosse comme le bout du doigt, fort longue et fort dure, n’y était plus du tout, et que son œil, qui faisait peine à voir avant l’attouchement de la relique, parce qu’il était fort pleureux, paraissait aussi sain que l’autre, sans qu’il fût possible d’y remarquer aucune différence ; elle le pressa, et au lieu qu’auparavant il en sortait toujours de la boue ou du moins de l’eau bien épaisse, il n’en sortait rien, non plus que du sien propre : je vous laisse à penser dans quel étonnement cela la mit. Elle ne s’en promit rien néanmoins et se contenta de dire à la mère Agnès ce qui en était , attendant que lé temps fit paraître si la guérison est aussi véritable qu’elle paraît.