Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/96

Cette page n’a pas encore été corrigée

de sa gentillesse ; il tenait en ce moment son volume d’évangiles à la main ; la dame ayant regardé dans ce livre et interrogé Jacques, elle sut de lui son goût si vif pour la lecture et l’instruction.

» Veux-tu, lui dit-elle avec bonté, accompagner chaque jour mes fils au collége ? j’obtiendrai des professeurs que tu assistes à toutes leurs leçons, et tu apprendras ainsi toujours quelque chose. »

L’enfant ne sachant comment prouver l’excès de sa gratitude à la bonne dame, s’agenouillait et baisait le bord de sa robe.

Quelques instants après il fut admis dans l’intérieur du collége ; la dame l’avait recommandé au même maître à qui il s’était adressé à son arrivée à Paris. Cette fois-ci il en fut bien mieux reçu. Le maître lui dit qu’on lui donnerait une petite chambre sous les toits du collège, et qu’il pourrait, tout en servant les fils de la bonne dame, partager les études des écoliers et montrer ses dispositions.

Dès lors la vie du petit Jacques devint un combat plein d’ardeur. Le grand pain qu’il recevait chaque semaine de Melun assurait sa subsistance ; il put ajouter quelques fruits et quelques légumes à ce pain du pays, et s’acheter un habit avec les petits gages que lui avait régulièrement assurés la bonne dame ; il put, bonheur plus grand, s’acheter quelques livres ! Il était bien pauvre encore ! mais il était riche d’espérance, riche du savoir qui s’ouvrait pour lui ; il ne songea pas à envier la fortune de ses condisciples, il ne songea qu’à les surpasser tous dans ses études.

Ce fut un exemple admirable que celui que donna ce