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on prendrait garde à sa plainte, et en effet bientôt deux montures s’arrêtèrent auprès de lui. Sur la première était un gentilhomme brillamment équipé sous son large manteau, sur l’autre un domestique armé qui le suivait.

Le gentilhomme aperçut à la dernière lueur du crépuscule ce pauvre être exténué de fatigue et de faim, » Qu’est ceci ? dit-il, en le touchant du bout de son éperon ; d’où viens-tu ? et où vas-tu ?

— Je viens de Melun et je voulais aller à Orléans, répliqua le pauvre petit, mais mes jambes ne me portent plus et je meurs de faim.

— Ta figure me plaît, reprit le gentilhomme ; puis, se tournant vers le domestique : Allons, Pierre, trois coups de ta gourde à ce petit pour le secouer, puis hisse-le devant moi comme une valise, mon cheval va mieux que le tien, et, tout en trottant, le petit vagabond me contera son histoire quand il sera réveillé. »

Le domestique exécuta les ordres de son maître, et bientôt les deux chevaux repartirent au grand trot. Le mouvement et le cordial qu’il avait avalé donnèrent à l’enfant une surexcitation qui lui rendit un peu d’instants toute sa lucidité. Tout en se tenant cramponné à la selle enfourchée par le gentilhomme, il le remerciait avec effusion.

» Voyons, pendant que nous sommes forcés d’aller au pas pour gravir cette mauvaise montée, conte-moi ton histoire et ne mens pas, lui dit le bienveillant seigneur.

— Oh ! je ne fausserai point la vérité, elle est assez