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STELLA. Votre maître est bien cruel ; mais vous, ne pourriez-vous nous rendre la liberté ?

BUONAVITA. Si je le pouvais, je le ferais, mes enfants ; car, puisque notre compagnie vous déplaît, je ne vois pas à quoi bon vous garder de force.

FILIPPO. Vous êtes compatissant, vous ! Mais comment, sans y être contraint, pouvez-vous donc vivre avec des brigands ?

BUONAVITA. Ah ! l’habitude fait tout. J’ai été orphelin de bonne heure. Mon oncle Brutaccio, le chef de notre troupe, m’emmena dans ces montagnes, et je suis devenu brigand sans m’en douter ; mais, je vous le jure, ma petite Stella, je n’ai jamais tué personne. Boire, rire, chanter, être libre et ne rien faire la plupart du temps, telle est ma vie, ma bonne vie dont j’ai tiré mon nom. Je ne vous l’offre pas en exemple, mes enfants ; mais je vous la raconte seulement pour que vous n’ayez pas peur de moi.

FILIPPO. Eh bien ! vous pouvez me faire un grand plaisir, puisque vous êtes bon.

BUONAVITA. Lequel ?

FILIPPO. Buonavita, je vous en prie, donnez-moi une de ces belles planches de bois blanc qui recouvrent les caisses qui sont dans la caverne.

BUONAVITA. Très-volontiers. (Il entre dans la caverne et revient à l’instant, avec la planche.) Qu’en voulez-vous faire ?

FILIPPO. Vous allez voir. (Il tire un charbon de sa poche et se met à dessiner un arbre et des moutons qui sont devant lui, puis le fond du paysage.)

BUONAVITA. Oh ! vous avez un fier talent, l’ami ; voilà