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LA COMTESSE. En songeant à ce qu’il doit souffrir, je voudrais lui pardonner.

LA CHÂTELAINE. Il n’est plus temps ; le tournoi commence.

LES HÉRAUTS D’ARMES. Le tournoi s’ouvre ; trompes, sonnez ; bannières, déployez-vous !

JEAN. Voilà mon père qui s’avance un des premiers.

OLIVIER. Voilà aussi, mon oncle de la Motte ; il se range de son côté.

LA CHÂTELAINE. Quel est ce chevalier qui vient de franchir la barrière ?

OLIVIER. Comme il est mal équipé !

JEAN. Quel méchant genet il monte ! on dirait un des chevaux de la ferme.

DES VOIX, dans la foule. Faites sortir du champ clos ce discourtois chevalier.

BERTRAND. (Il est monté sur un vilain cheval et couvert d’une mauvaise armure.) Moi, sortir ! non, jamais ! Oh ! quelle humiliation !… mais mon oncle est bon, il aura pitié de ma détresse. Je vais me faire connaître à lui.

LA FOULE. Qu’il sorte ! qu’il sorte !

BERTRAND, s’approchant de son oncle. Noble chevalier…

LE CHEVALIER. Quoi ! c’est toi, Bertrand !

BERTRAND. Oui, c’est moi, bon oncle ! je n’ai pu y tenir : je me suis échappé par une fenêtre.

LE CHEVALIER. Quoi ! au péril de ta vie ?

BERTRAND. Eh ! que fait la vie ? c’est la gloire qu’il me faut… Vous voyez qu’on veut me chasser, mon oncle, ne me refusez pas un de vos chevaux et une de vos cuirasses.