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SCÈNE III.

Une place publique devant la maison du chevalier de La Motte.

BERTRAND, seul.

BERTRAND. Comme mon oncle est bon pour moi ! Il m’a montré ses chevaux et ses armes. Oh ! ses armes, qu’elles sont belles ! Je serai heureux ici ! Ma tante me gêne bien un peu ; n’importe, je lui obéirai pour vivre auprès de mon oncle. Mais quel est ce grand écriteau qu’on a planté là ? Si je savais lire… Une épée et un beau casque à plumes le couronnent ; c’est sans doute quelque prix d’armes. Voilà un enfant qui passe ; il saura peut-être ce que cela veut dire. (L’appelant.) Mon ami, qu’y a-t-il sur cet écriteau ?

L’ENFANT. Il y a qu’aujourd’hui, dans une heure, commencera sur cette place une grande lutte, et que le prix du vainqueur sera cette belle épée et ce beau casque à plumes.

BERTRAND. Oh ! si je pouvais les gagner !

L’ENFANT. Non, vous êtes trop jeune.

BERTRAND. Trop jeune ! je suis plus fort que tous les Rennois ! (Se parlant à lui-même) Mais comment faire pour échapper à ma tante ? Elle va m’appeler pour l’accompagner à vêpres, et avant une heure la lutte commence… Je ne serai pas là… Un autre aura le prix !… Mon Dieu ! mon Dieu ! c’est bien cruel pourtant de renoncer à cette épée qui est là brillante au-dessus de ma tête… Je l’aurais gagnée, j’en suis sûr.