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LA CHÂTELAINE. Vous lui auriez inspiré votre passion pour les armes, cette passion qui vous conduit à la gloire, mais qui fait le malheur de ceux qui vous aiment. Voilà ce que redoute sa mère, et moi je le redoute comme elle, et j’approuve sa sévérité.

LE CHEVALIER. Et si Bertrand vous demandait asile, vous ne le recevriez pas ?

LA CHÂTELAINE. Non, je le renverrais à son père et à sa mère ; ce sont eux qui doivent le gouverner.

SCÈNE II.

BERTRAND, LA CHÂTELAINE, LE CHEVALIER.

BERTRAND, du dehors. Je vous dis que j’entrerai, moi ; quoique j’aie de méchants habits, je suis noble, et je ne souffrirai pas que des valets me barrent le chemin.

(Il brandit un bâton et s’élance dans la chambre.)

LA CHÂTELAINE. Quoi ! le fils de ma sœur ! Quel déshonneur pour sa famille !

LE CHEVALIER. Oh ! c’est toi, mon bon petit diable de neveu, toujours le même, toujours ferrailleur.

BERTRAND. Mon oncle, je viens vous demander asile.

LA CHÂTELAINE. Asile, quand vous faites mourir voire mère de douleur ? Allez demander pardon à vos parents.

BERTRAND. Vous voulez donc que j’aille m’héberger chez des étrangers ?

LE CHEVALIER. Non, ma maison ne te sera pas fermée. Mais pourquoi et comment as-tu quitté le château de ton père ?