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qui était fermée en dedans : » Secouez-la fortement, dit de l’intérieur une faible voix, et elle cédera. » Le portier donna un violent choc et la porte s’ouvrit.

» Faites-moi conduire à l’hôpital, mon bon monsieur, lui dit le savetier en l’apercevant, c’est le dernier service que j’implore de votre charité ; me voilà perclus de tous mes membres et incapable de travailler. »

L’autre, en l’examinant, vit bien qu’il disait vrai.

» Un peu de patience, lui répliqua-t-il, je vais vous amener le médecin du collége.

— Oh ! surtout ne dites rien à mon Joachim.

— Soyez tranquille. »

Le portier, en rentrant au collége, évita l’enfant, qui d’ailleurs était en classe ; il avertit le recteur de l’état du pauvre vieillard. Le recteur fit prévenir le médecin, et tous deux se rendirent à l’échoppe, Après l’examen du vieillard, le médecin décida qu’il fallait le conduire de suite à l’hôpital de Steindall, où, grâce à sa recommandation, il serait bien soigné.

» Je me charge d’avertir et de consoler votre fils, dit le recteur pour calmer les lamentations du père, et chaque dimanche après les offices il ira vous voir. »

La première entrevue fut déchirante. Cette fois ce fut le père qui dut calmer la douleur du fils, car il semblait à ce fils qu’il était ingrat et méchant de laisser dans cet asile de la misère le père qui avait entouré son enfance de soins si tendres.

» Tu ne peux rien, lui répondait le bon vieillard, tu ne peux que travailler, grandir et obtenir une place quand tu seras savant, et alors tu viendras à mon secours.