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il manquait surtout cette couleur dorée qui parfois donne au marbre l’animation de la vie. N’importe, ces esquisses grossières gardaient quelque chose encore de l’idéale beauté de ces merveilleuses créations de l’art. Le jeune Joachim les contemplait avec ivresse. Pour la première fois, elles rendaient palpable pour lui la beauté de la forme dont il avait tant rêvé en lisant l’Iliade. Mais ces deux œuvres d’art dont il n’apercevait que le reflet existaient dans toute leur beauté en Grèce et en Italie. Dès lors, ces deux terres classiques du beau devinrent les mondes de ses rêves.

Le lendemain de ce jour, le vieux savetier revêtit ses habits du dimanche, il habilla son fils de son mieux et le conduisit au collége. Le portier les reçut en protecteur sûr de son fait.

» Venez, venez, mon petit ami, dit-il avec un sourire de triomphe et en prenant Joachim par la main, j’ai parlé de vous à notre excellent recteur M. Toppert, il vous attend. Et se retournant vers le savetier il ajouta : Suivez-nous, mon brave homme, vous verrez que je ne promets rien que je ne fasse. »

Il traversèrent plusieurs cours intérieures et arrivèrent au cabinet du recteur. C’était un beau vieillard à cheveux blancs, à la figure expressive et sereine ; il fit approcher l’enfant avec bonté et commença à l’interroger sur ses études. Le petit Joachim répondit avec netteté, esprit et certitude sur toutes les questions ; il émerveilla le recteur ; parfois même il allait au delà de ses demandes ; c’est ainsi que, lorsqu’il fut interrogé sur la littérature grecque, il démontra comment, dans cette admirable civilisation, la poésie et l’art avaient découlé de la religion, et