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les savates et les outils, alluma le poêle et la petite lampe de fer et attendit avec impatience le retour de Joachim.

L’enfant entra apportant à son père un pot de giroflées que la femme du maître d’école, qui l’aimait beaucoup, lui avait donné. On eût dit que, prévoyant cette petite fête de famille, il voulait y ajouter la grâce de cette fleur.

» Qu’y a-t-il donc ? dit-il en pénétrant dans l’échoppe et sans avoir aperçu les dessins pendus au mur, quel beau couvert ! Attendez-vous à souper ce vieux cousin de Sechausen qui devait nous faire visite il y a un mois ?

— Je n’attends que toi, et c’est toi que je fête, répliqua le père en entourant de ses bras son cher enfant. Mais regarde donc un peu, ajouta-t-il, en face de toi, à côté du tuyau du poêle. »

Joachim leva la tête et aperçut les dessins ; ce fut d’abord un cri de surprise, puis une longue extase muette. Il en décrocha deux et les posa sur la table, et soutenant sa tête entre ses deux mains, il se mit à considérer les dessins avec une fixité de regard étrange. Au bas de l’un était écrit : d’après la Vénus en marbre qui est à Florence ; au bas de l’autre : d’après une frise du Parthénon d’Athènes. Un de ces crayons noirs était un reflet bien imparfait de la Vénus de Médicis, l’autre d’une de ces magnifiques canéphores aux draperies flottantes qui semblaient se mouvoir sur les frises du Parthénon et qu’on peut voir aujourd’hui dans le Musée de Londres. Certes, ces dessins d’écolier ne donnaient qu’une idée bien incomplète de ces divines sculptures ; le relief, les contours et les proportions de l’œuvre primitive manquaient ;